Douce nuit, belle nuit...

La nuit, une douce ambiance de paix, une lune au sommet de ce tableau peint de la main de Dieu, la rôdeur l'observait avec admiration et émerveillement. Gabriella aimait la nuit, elle aimait sentir la puissance de l'obscurité venir en vain ronger la beauté de cette boule d'argent venant guider les âmes en peine. Elle sentait la force de cet astre qui tentait tant bien que mal de survivre aux épais nuages qui venaient voiler négligemment sa beauté mythique. Elle se posait sur une branche, la tête relevée, une légère brise venant chatouiller sa longue chevelure. Elle laissa un soupir s'échapper, regrettant déjà de quitter cet endroit pour faire la ronde de nuit. Elle sauta gracieusement pour se réceptionner avec adresse sur le sol. Le bruit de son saut fut étouffé par la neige. Elle se redressa et jeta un oeil aux environs. La nuit résolvait bien des cauchemars, la nuit était l'amie de la paix, imposant un repos mérité aux guerriers, ou aux aventuriers venant se perdre dans de nouvelles terres. Elle continua son tour de garde, sautant de branches en branches, ou passant d'un arbre à un autre, se souciant que chaque animal ait trouvé un refuge pour cette nuit mordante. Bien que le vent semblait moins violent grâce à la robustesse des arbres, on pouvait néanmoins deviner des températures négatives, un sol gelé, et un vent qui ne quittait jamais le continent elfique. Elle remonta le col de sa cape, alors que son attention fut attirée par la présence d'un inconnu. Ses yeux se plissèrent, scrutant l'horizon pour trouver l'individu. Elle reconnut rapidement les bruits de sabots foulant le sol, mais elle ignorait quel était l'audacieux cavalier.

Elle se confondit avec le paysage, et prenant de la hauteur sur une branche, elle eut une vue d'ensemble, remarquant avec surprise un jeune homme. Elle ne pouvait voir son visage, se contentant de le voir de dos. Elle fronça les sourcils, mais elle ne bougea pas. Elle était à croupie, s'abaissant, ses mains tenant fermement la branche. Elle s'avançait doucement, pour tenter d'en savoir davantage sur l'inconnu. Une chose était sûre: il s'agissait d'un humain! Elle serra les mâchoires et sortit Wind par réflexe de survie. Elle détestait les hommes, ils n'étaient que le reflet de leur propre avarice, trop soucieux de leur vie et contemplant la misère avec un air détaché. Les elfes étaient solidaires, se souciant de son prochain, protégeant le veuf et l'orphelin, l'opposé des humains. Elle l'observa plus longuement pour s'apercevoir qu'il montait un camps. Etait-il aussi insouciant, pire, dormir à même le sol par des températures pareilles? Elle fut surprise qu'il ne monta pas sa tente, et pour marquer la surprise, elle haussa les épaules. Il alluma un feu et elle put se rendre compte qu'il avait quelques notions élémentaires pour vivre en pleine nature. L'erreur qu'il eut fait serait peut-être d'enlever son armure. Elle était aussi fascinée par cet homme qu'elle n'en était révulsée. L'odeur si étouffante de bois brulé remonta rapidement jusqu'à elle, et elle dut bouger d'endroit si elle ne voulait pas se faire repérée. Ce fut peut-être ce qui l'a trahi. Elle fit un léger détour pour être à environ à trois mètres de lui, toujours en hauteur. Elle ne voyait pas le temps passer... Le feu rougeoyant se reflétait dans son regard d'acier, tandis qu'un léger frôlement de feuille attira l'attention de la monture. Elle jura silencieusement, et serra Wind dans sa main. Elle n'était pas naïve au point de penser que l'homme ne réagirait pas. D'ailleurs, comme elle s'y attendait, ce dernier se réveilla. En réalité, elle n'avait même pas remarqué son assoupissement, pensant juste qu'il se reposait en regardant les étoiles. Elle ne pouvait que mépriser l'ignorance du cavalier. En plus d'oser mettre les pieds dans le territoire de créatures fières, il prenait ces terres comme logis d'une nuit.

Ces humains, vraiment, aussi stupides les uns que les autres. Elle n'eut d'autres choix que de descendre de sa branche tandis que l'homme parlait, en espérant que quelqu'un l'entende. En soi, il parlait tellement fort que même ses coéquipiers avaient du l'entendre. Gabriella leva les yeux au ciel, tout en retenant un soupir de lassitude. Soit il était stupide, soit il le faisait exprès, quoiqu'il en soi, il formulait clairement qu'il ne voulait pas de combat, tout en tenant fermement une lance impressionnante. Elle leva un sourcil et s'approcha de lui, tout en restant dans l'ombre. Le cheval sembla de nouveau nerveux. Quelle ironie: un humain ignorant qu'il était observé! Une chance que l'animal ait un instinct de survie plus développé, sans quoi, il serait déjà mort! Elle hésita à lui répondre ou a lui ficher directement sa dague à la base de sa nuque. Mais, prendre un adversaire par derrière était contraire au code d'honneur des elfes: toujours faire face à ton ennemie, sans ça, aucune victoire ne pourra faire ta réputation. Elle perça donc l'obscurité pour venir s'afficher à la lumière des brindilles craquant sous la chaleur. Sa peau pâle était coupée d'ombres fantomatiques, alors qu'elle se tenait face à l'inconnu. Elle eut bien sûr le réflexe de cacher la dague dans la manche de son uniforme rudimentaire. Elle secoua la tête et répondit froidement

"Peu importe qui tu es! Quitte cette terre sur-le-champs. Les êtres aussi abjectes que toi n'ont rien à faire ici! Retourne dans ton Royaume et pavanes-y donc là-bas!"

Ses mots étaient coupés, son ton cinglant. Elle ne montrait aucune gentillesse à l'égard du jeune homme. Elle maintint son regard si froid dans le sien, ne cillant pas, se contentant de froncer les sourcils au fur et à mesure que les paroles passaient le seuil de ses lèvres. Sa posture était dominante, assurée, et elle ne cachait pas une rancoeur envers les espèces humaines.

La réaction qu'eut le jeune homme la dérouta littéralement. Il la salua, comme si elle était une personne importante. Elle ne put cacher un sourire moqueur tandis que son regard d'acier perçait le corps agenouillé du garçon. Il lui semblait avoir entendu son identité et si elle avait bonne mémoire, il devait donc s'agir de Valentine Goldenrod. Un prénom féminin, et un nom d'un ridicule qui pourrait tuer. Gabriella secoua la tête, ses cheveux venant caresser son dos, alors qu'elle posa fermement chaque main sur ses hanches. Sa posture était défiante, amusée mais retenant un élan de sarcasme moqueur. Elle l'écouta attentivement, et étrangement, crut aux paroles de l'aventurier. Elle resta un moment perplexe, ne sachant pas quoi répondre, étant peu habituée à faire la conversation à de parfaits inconnus. Sans compter que ce jeune garçon bien téméraire était d'une espèce qu'elle méprisait par-dessus tout! Elle ne comprit pas spécialement la fin quand il fit allusion à une mort fictive, entre une bête sauvage ou sa main. Elle serra les mâchoires, mais par respect, le laissa parler. Elle soupira, et ne le voyant pas se redresser, elle toussota. Elle murmura doucement

"Hmm Valentine Goldenrod, c'est bien ça, n'est-ce pas? Tu n'es pas le bienvenue sur cette terre..."

Elle se répétait et elle en avait parfaitement conscience. Elle jeta un oeil sur la monture, puis retourna sur le corps agenouillé de l'homme. Cette situation devenant vraiment ridicule. Elle s'avança donc, la démarche ferme et agressive et vint redresse la tête de l'inconnu du nom de Valentine. Elle plongea ses yeux si froids dans les siens, sans ciller. Elle voulait percer ses réelles intentions. Se pouvait-il qu'il soit un espion du palais et qu'une guerre entre les deux peuples était imminente? Elle fronça les sourcils, et le fond de ses prunelles ne cacha pas le mépris qu'elle ressentait pour l'humain. Il était trop respectueux, trop soumis, trop faible, une créature sans importance. Le tuer n'apporterait aucune gloire à la rôdeur. Elle relâcha la tête du jeune homme avant de se reculer. Il était si naïf... Elle alla vers la monture qu'elle détacha. D'un coup sec mais bref, elle lui tapa l'encolure, et la bête eut une réaction agressive pour terminer dans une fuite. Elle serait récupérée un peu plus loin par d'autres elfes qui la nourriraient. En attendant, à pied, Valentine ne pourrait pas aller très loin. Non qu'elle n'avait pas confiance en lui, mais elle ne pouvait pas courir le risque qu'il ait une envie sanguinaire en pleine nuit, déciment les plus faibles du camps.

Elle donna un coup dans la lance pour l'éloigner de l'homme, continuant à l'observer. Elle était gracieuse, tout en étant agressive. Elle était dominante, il était soumis, elle le méprisait, il était en admiration. Il ignorait tout des elfes, et cela pouvait être avantageux pour Gabriella. Elle soupira et finit par dire, tel un effort incroyable

"Bien, je resterai ici à veiller que tu n'agisses pas en traitre face à ce que tu viens de dire... Qui t'envoie? Pourquoi es-tu ici? Que veux-tu?"

Tellement de questions, qu'elle douta un instant que ce jeune guerrier puisse trouver le repos qu'il souhaitait. Elle s'en fichait qu'il tombe de fatigue, elle ne se soucia même pas de savoir si oui ou non il avait mangé. Tout ce qu'elle voulait, c'était des réponses, et si ces dernière s'avéraient fort peu concluantes, elle en ferait un otage, ou elle l’exécuterait au pied de la tour de Ghyelle, prouvant ainsi la révolte imminente de son clan. Vraiment, elle détestait les humains!

Alors ce garçon était venu se perdre en des terres hostiles par sa propre volonté? En plus d'être stupide, il était suicidaire. Etrangement, cette attitude si spontanée et irréfléchie n'étonna pas spécialement la rôdeur. Elle secoua la tête, ne détournant pas le regard, voulant avoir confirmation de ses attentions si "pures". Elle haussa tout de même un sourcil lorsqu'il fit allusion au mystère de la Tour des Ames. Elle réprima un frisson de dégout, repensant aux deux fois qu'elle avait posé les pieds là-bas. Elle revit rapidement dans sa tête l'expression des civils si tristes, désarçonnés, cachant leur misère derrière des sourires hypocrites. Elle revit le visage de la prêtresse et une lueur de haine vint éclairer son regard si froid. Elle haïssait cet endroit, elle détestait cette nonchalance avec laquelle les gens considéraient les autres. Elle rejeta la tête en arrière et finit par détourner le regard, tout en soupirant. Ce Valentine était fougueux, audacieux, mais il manquait cruellement d'expérience. Elle se détendit, du moins, sa froideur s'atténua, mais on pouvait ressentir toujours cette once de méfiance, sans parler l'arrogance dont elle faisait preuve lorsque ses iris bleues venaient balayer le visage de l'humain. Elle finit par s'assoir à même le sol et dit franchement

"Tu ignores énormément de chose jeune homme. Et ton ignorance t'amènera à ta mort..."

Son ton était assuré, sincère, et peut-être moins agressif. Elle avait déjà fait face à un peuple dissout par les Anges. Qu'en serait-il de lui? Etait-il possible qu'il soit important dans le monde des hommes? Elle émit cette hypothèse et un semblant de moquerie traversa son regard. Le feu commençait tout doucement à s'éteindre à mesure que le temps passait. Elle jeta un oeil, voyant les dernières flammes vaciller. Elle fit signe à l'homme de le suivre. Elle allait l'amener ailleurs, où il aurait moins froid, où il pourrait avoir un semblant de calme. Les pas de l'elfe étaient feutrés, mais, en jetant un regard par-dessus son épaule, elle ajouta

"J'ignore quel est le mystère de la Tour et je me demande sincèrement si je tiens à le savoir. Les seules fois où j'ai été ne m'ont franchement pas convaincue que ce lieu est réellement sain."

Elle soupira, revoyant le visage d'un des conseiller, se revoyant pousser la foule, l'excitation qui faisait trembler son corps à l'idée de se mettre au service du Royaume. Il lui fallu seulement une quête pour avoir une haine sans limité face au centre de ce Royaume. Elle marchait silencieusement, s'assurant que le jeune guerrier la suivait. Elle semblait perdue dans ses souvenirs, quand le vent vint la sortir de sa léthargie. Elle n'avait toujours pas révélé son identité. A cette pensée, elle eut un sourire satisfait. Moins il en savait sur elle, mieux c'était. De toute façon, il était assez fragile, du moins, d'un point du vue...psychologique. Il l'avait considérée comme une noble, alors qu'elle n'était qu'une simple elfe. Il avait fait preuve d'un grand respect, sincère ou non, elle devait bien admettre que son attitude laissait sous-entendre qu'il venait d'une famille à bonne éducation. En sachant qu'il était arrivée sur une superbe monture et qu'il avait une lance toute aussi imposante, il devait avoir un certain niveau dans la vie des hommes de Ghyelle. Tout en émettant différentes hypothèses, Gabriella fit un geste de la main. Ils étaient arrivés devant un abri, un semblant de cabane rustique. Elle était en-dehors du camps centrale du clan. Elle servait surtout aux gardiens lorsqu'il y avait des tempêtes de neige, ou qu'un elfe revenait blessé d'un combat, et qu'à bout de force, il avait un abri. Ce genre de cabanes était dispersé un peu partout dans la forêt. Elle ouvrit la porte, et rentra, sans même avoir la courtoisie de laisser passer Valentine. Elle alla allumer une bougie à l'aide d'un briquet rustique. La pièce fut illuminée, bien qu'il faisait froid, une fois la porte fermée, la chaleur naturelle de deux corps allait augmenter la température. Il y avait une couchette rudimentaire au fond. Elle se tourna et dit

"Tu seras mieux ainsi, aussi, j'aimerais que tu me dises ce que tu sais déjà, pour le peu que tu saches bien sûr..."

Et puis, sans savoir pourquoi, elle pensa à quelque chose. Cette pensée était sombre, mais le sourire qui éclaira le visage de Gabriella était totalement effrayant. Etait-il possible que...? Non, impossible, elle n'en savait pas davantage sur lui. Et puis, il ne devait même pas être né à cette triste et funeste époque. Le jour à le sang coula, venant faire fondre la neige autour de ce corps inanimé. Elle soupira et ajouta

"Et dis-en moi davantage sur toi..."

Toujours des questions, toujours des ordres, mais jamais Valentine n'eut le moindre indice sur le peuple elfique, encore moins de son interlocutrice présente. Aussi belle et gracieuse soit-elle, la rôdeur restait fort mystérieuse quant à qui elle était vraiment.... Etait-il réellement concevable qu'elle puisse devenir l'alliée de ce jeune homme? Quelle ironie du sort....

Gabriella se posa, tandis qu'elle observait chaque geste, chaque soupir, chaque mouvement du guerrier. Ses yeux partaient de droite à gauche, et la fine lueur vacillait selon la direction dans laquelle elle regardait. Le garçon s'éclaircit la gorge et partit dans une tirade plutôt impressionnante. Son ton était assurée, son timbre fière, une lueur de joie et d'honneur dans le fond de ses prunelles sombres. L'elfe y ressentait une certaine force, force qu'elle n'aurait pu soupçonner il y a encore quelques instants auparavant. Elle soupira, rejetant la tête en arrière. L'inspiration et l'élan de passion qu'employait Valentine ne pouvait laisser totalement l'elfe indifférente. Elle sentait cette frénésie dans sa voix, et elle se revoyait, sur le terrain, le sang coulant de ses mains, son regard perdu, ses camarades morts. Elle se demandait si il savait ce que c'était. Avait-il connu la souffrance? Ou avait-il vécu entouré d'amour, de sécurité et de chaleur? Tel un fils de riche ne devant se soucier du lendemain? Elle reconnut dans les valeurs de la famille, ses propres convictions. Au fond, ils n'étaient pas si différents que cela et à cette pensée, elle ne put s'empêcher de frissonner. Elle détourna le regard, jetant un oeil par la lucarne. La nuit était toujours paisible, le vent, toujours aussi présent. Elle sentait que le jeune aventurier tombait de fatigue. Comme elle s'en doutait, il venait d'une famille important, pire, sa famille était un des bâtisseur du Royaume. A cette confession, elle fut tentée de le tuer.

Elle ignorait énormément de choses, surtout ce qui tramait dans cette Tour sans fin, dans ce lieu sombre où l'on dit que l'âme pourrait y être aspirée si on y restait trop à proximité. Elle réfréna l'envie de lui poser davantage de questions, sentant bien ce sentiment d'épuisement que l'on ne pouvait pas réfréner à partir d'un certain stade. Elle respecta donc le silence, ne voulant le rompre. Elle avait encore une tonne de questions. Elle voulait savoir tout ce dont il avait connaissance sur son clan. Même si le clan n'avait pas de nom, ou du moins inconnu pour les humains, elle voulait juste connaitre une autre part de la vérité. que le part du voile se lève sur un miroir encore inconnu. Elle voulait tendre le bras et attraper soit un nouveau mensonge, soit une révélation sur l'assassinat de sa mère. Elle avait plus de cent ans, lui la vingtaine à tout cassé. Ils étaient différents, presque d'un autre monde, une autre génération. Il ne devait même pas être encore né, alors que la neige tomba pour l'éternité. Il naquit dans une saison froide et rude, sans vraiment connaitre les plaines fleuries, l'eau si pure et claire des fontaines. Ces images du passé revinrent dans l'esprit de l'elfe, et un triste sourire vint étirer ses commissures. Elle se leva, et alla mettre la couchette en ordre. La suite de l'interrogatoire serait pour demain. Elle revint vers Valentine, et dit d'une façon un peu maladroite mais dont l'attention y était

"Tu es inutile, va dormir!"

Elle était toujours aussi franche, son ton ne pouvant quitter cette froideur naturelle. Elle tenait à mettre une distance respectable avec lui, ne voulant ressentir aucune émotion particulière. Déjà avoir de l'empathie envers lui était de trop. Elle fit un vague signe de la tête vers la couchette. Un matelas de survie qui pourrait déjà soulager ses courbatures, un oreiller primaire et une couverture très épaisse, dont la laine venait des bouquetins de la vallées des glaces. Autant dire qu'il devrait être remis en partie de son sommeil. Elle se posa par terre, droite, en lotus. Elle ne bougea pas, et un sifflement discret se fit entendre. Sous la chaleur, Zéphyr s'était réveillé. Le serpent, dans une grâce dansante vint s'enrouler autour du cou de la belle sans pour cela l'étouffer. Elle ne réagit plus au geste de l'homme, se contentant juste de veiller. La situation était étrange: Gabriella gardait un oeil sur Valentine afin d'éviter toute traitrise, mais vu sous un autre angle, elle le protégeait aussi. Et face à Gabriella, sur un terrain qu'elle connaissait, bien qu'elle n'était pas invincible, elle était plutôt redoutable lors d'un combat, bien qu'elle ne soit pas faite pour ça à la base, mais servant d'espion.Elle se leva un moment, et se retournant vers l'homme, elle murmura doucement, marquant une pointe, pour la première fois de la rencontre, de la douceur

"Je pars chasser, dors!"

Elle claqua la porte, et la lueur de la bougie vacilla dangereusement. Sa chasse ne prendrait qu'une heure à tout casser. Elle irait aussi cueillir des fruits, prendre de l'eau. Elle prenait soin de l'humain et cela, bien malgré elle....

Gabriella sortir et la bourrasque de l'hiver infernal la surpris encore une fois. Elle remonta le col de son manteau ainsi que son écharpe. Sa silhouette sombre sillonnait la forêt en quête de fruits. Seuls ses yeux troublants et azurés perçaient les environs, traquant un arbre qui pourrait offrir un réconfort bien mérité. Elle sautait de branches en branches alors que son fidèle compagnon soupirait dans sa poitrine. Pris de court par le froid, il s'était réfugier sous ses vêtements, injuriant à sa façon le temps enneigé et fastidieux. Les pas dans la neige disparaissait sous le vent qui prenait soin d'effacer les empreintes. Gabriella était dans son élément, pas trop grande, pas vraiment imposante, mais sa rapidité et sa souplesse lui permirent de parcourir la forêt en un temps record. Elle devait avoir un bon panier de fruits qu'elle avait pris avant de partir. Elle remplit trois gourdes entières, gourdes qu'elle avait toujours à la ceinture en cas d'urgence. Elle regagna rapidement la cabane avant que l'aube ne se lève. Lorsqu'elle claqua la porte, les premières lueurs faisaient leur apparition, venant sortir le ciel de sa noirceur pour offrir une nouvelle lumière. La bougie s'était consumée depuis le temps, et elle fut assez surprise de retrouver le corps de l'homme allongé par terre, secoué de spasme, une fièvre fulgurante venant lui ronger l'esprit. Elle déposa le panier et accouru rapidement vers le guerrier épuisé. Il murmurait de mots incompréhensibles, et Gabriella fronça les sourcils pour tenter d'entendre une bribe de ce qu'il tentait de dire.

Elle le redressa sans peine, le plus dur serait de le remettre sur la couchette. Elle se tint donc derrière lui, les genoux sur le lit, chaque main sous les bras de l'homme et d'un coup, elle le tira. Elle tomba en arrière, la tête de l'homme sur son ventre. Elle se dégagea rapidement et le mis correctement dans le lit. Bon, ce n'était que la première étape. Elle devait lui enlever ses vêtements pour qu'il ne respire pas ses propres bactéries et l'enveloppé serré dans la couverture. Elle soupira un coup, se répétant sans cesse combien les humains étaient faibles. En plus d'être de parfaits ignorants, il avait une santé fragile, et leur stupidité les amenait souvent à la mort. Elle enleva donc le dessus et pris une des gourdes. Elle déchira ce qui servait de chemise et l'imbiba d'eau pour le poser sur le front de Valentine. Elle pris la couverture et l'enveloppa dedans. Elle prit par la suite la même gourde, releva sa tête, et lui fit boire. Aux yeux de l'elfe, le fier guerrier était bien déchu de son trône. Elle ne sut dire pourquoi elle l'aida et ne le laissa pas mourir. Peut-être pour les valeurs en quoi il croyait? Ou tout simplement , parce que sa fierté l'avait interpellée. Ou tout simplement parce qu'elle se sentait seule? Qui sait? Elle s'assit à son "chevet", et attendit patiemment. Elle prit quelques fruits qu'elle mangea, patientant jusqu'au réveil de l'homme.

Etant assoupi, Valentine ne pouvait se rendre compte que le temps tournait, et que si il voulait découvrir le mystère de la Tour, il perdait un temps précieux. Si le temps l'avait affaibli, qu'en serait-il des combats à venir? Elle soupira, se revoyant plus jeune. Elle se revoyait à la mort de sa mère... Ce fut comme si le temps s'était figé, et à la vue du corps inanimé de sa tendre mère, son coeur se ferma à tout jamais, n'acceptant l'aide de personne. Et pourtant, ce guerrier fiévreux la fascinait. Il était aussi audacieux que téméraire. La rôdeur rejeta la tête en arrière et changea la bandelette sur son front, la mouillant à nouveau, tout en épongeant son visage. Il avait une sale fièvre! Elle sortit une petite sacoche de sa ceinture. Elle n'était pas médecin, mais elle avait les plantes de premiers secours. Elle plaça des grandes feuilles vertes-rouges sur le torse ainsi que sur le front. Cette plante avait la particularité "d'aspirer" la fièvre. Mais bon, les effets n'étaient pas spécialement rapides non plus. Elle croisa les jambes, et sans s'en rendre compte, s'endormir, la tête sur la poitrine de Valentine. Zéphyr vint lui siffler aux oreilles, mais elle n'entendit rien. Il lui semblait sentir le serpent se déplacer, venant s'enrouler autour de son poignet.

Gabriella était perdue dans les tréfonds du sommeil... Son corps était fatigué, son esprit lasse. Pendant qu'elle dormait, ses mains se crispaient sur la peau de l'homme, signe qu'elle était en pleine action. En effet, elle se revoyait lors de sa première quête faire face au démon qui lui disait qu'il emmènerait l'elfe de force en Enfer. Elle sentait son coeur battre la chamade, ses paupières se crispant davantage sous l'effort physique qu'elle faisait dans son rêve. Elle ne ressenti absolument pas le réveil de Valentine, en réalité, elle était déjà loin dans son sommeil. Ce fut Zéphyr qui la réveilla, venant siffler assez fort dans le creux de son oreille. Elle était totalement vaseuse. Elle eut un sursaut, mais n'ouvrit pas les yeux. Elle sentait juste une source de chaleur importante au niveau de sa joue, et cette douceur la rassurait. Elle ne voulait pas quitter ce délicat contact qui lui faisait étrangement penser à sa mère. Elle soupira, gémissant doucement, non de tristesse, plutôt de bien être. Ses sourcils se froncèrent, et elle eut la mauvaise sensation d'être observée. La voilà qui était prise dans sa propre faiblesse. Elle secoua la tête, sentant sa bouche sèche. Elle tenta de déglutir mais elle se rendit compte qu'elle manquait de salive. Par la suite, il lui sembla entendre un léger grognement. Elle soupira et finit par ouvrir un oeil, puis l'autre. Elle se recula brusquement, en position d'attaque. Ses cheveux étaient ébouriffés, et elle ressemblait à une enfant prise sur le fait. Comment se faisait-il qu'elle s'était ainsi assoupie? Elle rejeta la tête en arrière, frustrée par son manque de sommeil. Elle remarqua que l'homme allait un peu mieux, mais qu'il restait toujours mal en point. Elle s'avança doucement, le regard suspect.

Elle inclina la tête sur le côté, le regardant de travers. Elle était méfiante, et ses yeux ne cachaient pas une certaine... tristesse? Oui, bien qu'elle n'était qu'une simple elfe de la forêt, elle avait manqué à son devoir de soigner correctement le jeune guerrier. Bien que l'espèce humaine était méprisable, lui était différent, du moins, à ses yeux. Elle se rassit donc, et se remémorant les sons les paroles de l'homme, elle prit une gourde qu'elle lui tendit. Elle enleva la bandelette de vêtement déchirée et la replongea dans l'eau, pour venir la placer sur son front. Elle remonta la couverture, où un instant plus tôt, la chaleur de sa joue remplaçait la chaleur du textile. Elle était légèrement gênée, et n'osa donc croiser directement ses prunelles sombres. Elle apporta le panier rempli de fruits, en prit un, et légèrement rougissante, le lui tendit, attendant qu'il ouvre la bouche. Elle finit par se rendre compte de son geste et bredouilla

"Hum, euh, je suis désolée, tiens, voici des fruits!"

Elle mangea le fruit rouge qu'elle avait apporté jusqu'à la bouche de Valentine, et maladroitement, déposa quelques baies et autres près de la main de l'homme. Elle ne savait pas trop quoi dire. Au fond, elle ne comprenait même pas la source de la fièvre. Se pouvait-il qu'il ait fait déjà un si long chemin? Elle secoua la tête, se rendant compte que Zéphyr était toujours sur la couverture, attiré par l'odeur des fruits. Elle écarquilla les yeux et sauta sur la couchette pour attraper l'animal avant qu'il ne saute sur l'homme. Elle atterrit maladroitement sur la corps de Valentine, attrapant le serpent de justesse. Elle se dégagea aussi rapidement qu'elle n'était arrivée à en écraser la poitrine de l'homme. Elle rougit pour de bon. Elle remit le serpent autour de son cou avant de s'éclaircir la voix et de dire d'une voix qui se voulait froide

"Hmm une chance que j'ai attrapé mon serpent..."

Pas une excuse, rien. Il ne fallait pas trop lui en demander non plus...

Elle se tenait tranquillement à ses côtés, le rouge disparaissant doucement de ses joues, laissant place à son teint lunaire légendaire. Elle soupira, le regard lorgnant négligemment le sol, alors que Valentine, d'une voix rauque lui demandant un certain effort, lui révélait qu'il serait prêt à l'aider par n'importe quel moyen. Voilà qui était intéressant, et plutôt naïf. Elle inclina la tête sur le côté, une mauvaise habitude pour cacher sa surprise ou sa méfiance. Et en cet instant, la curiosité dépassait la méfiance. Elle était interpelée par son geste. Etait-il réellement possible qu'il puisse résoudre une énigme qui datait de 75 ans? Elle en doutait fort, mais, il faisait preuve d'une certaine preuve en ce moment, combattant la fièvre, serait-il aussi fort pour la soutenir? Elle ferma les yeux, chassant cette pensée ridicule de sa tête. Elle finit par lâcher un soupir pour marquer le mot de la fin. Elle remarqua qu'il n'y avait plus de fruits, et par réflexe, elle en lui remit. Ce dont il avait besoin était un bon gibier. Mais, présenter l'homme au reste du clan revenait à une trahison. En effet, le conseil des elfes aurait beaucoup de mal à digérer que, dans un élan d'empathie, elle ait sauvé la vie d'un parfait inconnu, pire si l'inconnu était humain. Les créatures de la nature n'était pas en phase avec l'espèce humaine, ayant du mal à comprendre ce besoin obsessionnel de détruire, tuer, décimer dans le seul but de prouver qui est le plus fort. Cependant, là, dans cette cabane, alors que le jour se levait, Gabriella se rendait compte qu'au fond, tous les hommes n'étaient pas pareils. Elle recevait encore une leçon de vie en pleine figure: après avoir eu l'illusion que les Anges tenaient plus du divin que du démon, il s'était avéré qu'en réalité, les âmes angéliques étaient rongés par le mal. Et, la pensée que l'homme ne vivait que pour lui était détruite par la simple existence de Valentine.

Elle surprit un sourire espiègle et elle ne put s'empêcher de lever légèrement les commissures de ses lèvres. Cela devait donner un sourire, mais sur le visage si lisse de l'elfe, cela donnait une grimace plutôt amusante. Elle ne savait pas sourire, pas un sourire pour afficher un bien être. Ce genre d'émotion avait été bannie depuis longtemps des traits fin de la belle. Elle rejeta la tête en arrière alors que le jeune guerrier pointait du doigt le serpent. Quel manque de politesse de pointer du doigt son compagnon! Gabriella considérait Zéphyr comme son allié fidèle, son confident, bref, une personne à part entière. Et en un instant, l'homme avait réduit son compagnon à un objet. Elle bougonna un instant, mais sans vraiment être en colère. Elle était légèrement vexée de savoir qu'il n'avait aucun considération pour son serpent. Elle caressa la tête de l'animal qui sortit la langue en lâchant un doux sifflement. Ses yeux globuleux perçaient méchamment le Goldenrod, regrettant amèrement que sa maitresse ne l'ait récupéré à temps. Etait-il possible que Zéphyr soit un tantinet jaloux? Elle eut un léger haussement d'épaule, et répondit doucement, histoire que Valentine entende bien le nom et ne vienne pas à l’estropier à l'avenir

"Il s'appelle Zéphyr. Il n'est pas méchant, juste gourmand."

Bien entendu, ce serpent préférait la viande, mais en ces temps rudes, il avait du se contenter de fruits. Elle se leva, changea une nouvelle fois la bandelette, la rinçant dans l'eau pour venir éponger le front de l'homme. Elle descendit légèrement la couverture qu'il venait à peine de relever au niveau de ses épaules, et retira la feuille. Elle était toute séchée et flétrie, preuve qu'elle avait aspiré une quantité de sueur due à la fièvre. Elle observa la feuille et la jeta de façon nonchalante à terre. Elle fouilla dans sa petite sacoche et en remit une autre. C'était sa dernière feuille.... Elle remonta par la suite la couverture, et retourna s'assoir. Elle regarda étrangement Valentine et demanda

"Que sais-tu des elfes? Enfin, avant de venir dans cette forêt, avais-tu conscience que tu étais sur la terre d'un clan elfique?"

Elle voulait savoir certaines informations. Si il lui répondait qu'il n'y connaissait rien, elle l'étranglerait pour le punir de son ignorance. Cependant, s'il venait à savoir quelque chose, n'importe quoi, elle pourrait être plus clémente...

Gabriella restait attentive, buvant chacune de ses paroles. Cela ne la surprit guère lorsqu'il avoua maladroitement qu'il ignorait tout des elfes, excepté peut-être leur territoire. Mais qui serait bien naïf de penser que les elfes vivent ailleurs qu'entourés de nature? Vraiment, le plus simple ignorant serait tout de même capable de répondre à la question. Elle secoua la tête, à la fois révulsée par la crédulité du garçon mais admirative de son audace. ll ne craignait ni de mourir, ni de perdre sa fierté. Il avait quitté le cocon si chaleureux et rassurant de son foyer pour partir dans une Croisade où ses convictions et sa vie en dépendraient. Il était valeureux, et la famille Goldenrod devait avoir ce gêne de courage dans le sang. Valentine n'y faisait pas exception, et malgré la fièvre persistante, il prononçait chaque mot distinctement, d'une voix qui ne tremblait pas où l'on pouvait facilement deviner l'aplomb d'un futur grand chevalier. Elle voulut ajouter quelque chose, mais le temps de répits ne fut que d'une bouffée d'air. Déjà, il repartait sur sa lancée, telle une personne ayant un objectif en tête et qui serait ardu de le faire changer d'avis. Elle se posa plus confortablement en lotus, son fidèle serpent autour du cou. Ce dernier se délia et siffla, signe qu'il en avait déjà entendu, cependant, par respect pour sa maîtresse, il resta gentiment enlacé autour de son cou, se faisait passer pour un être attentif. L'index levé pour souligner ses dires, Valentine ressemblait un enfant émerveillé de vivre un Comte enchanté dont il pourrait être le héros.

Et elle, elle était la belle princesse à délivrer? Les paroles qui suivirent enchantèrent soudainement beaucoup moins la rôdeur, qui, considérant le jeune guerrier comme un potentiel prince charmant, le rétrogradait soudainement à vulgaire paysan. Elle se ferma, bien malgré elle, les épaules vers l'intérieur, le regard devenu plus agressif. Elle se crispa, telle une coquille, les doigts serrant ses bras, la bouche fermée, les yeux à moitié plissés. Elle réfléchissait à l'éventuelle situation de paix, et inclina la tête sur le côté pour désapprouver. Elle-même ne souhaitait pas la paix. Si une trêve était signé, cela signifiait que les elfes considéraient les humains comme leur égal, et il n'en était pas question. Ils avait déjà du prendre, par le passé, parti lors de la guerre, et il s'était avéré que les humains n'étaient des êtres plus égoïstes et combattants, et que les plus valeureux tombèrent les premières, mangeant la terre dans un ultime acte de loyauté envers le Roi de Ghyelle. Ce roi que peu de personne connaissait le visage. A cette idée, un frisson traversa l'échine de Gabriella. Elle n'aimait pas trop la tournure de la situation, et elle se sentait obligée d'arrêter Valentine dans ses illusions utopiques. Sa voix se fit cinglante et sèche, comme si le peu d'hospitalité qu'elle venait d'offrir avait totalement disparue

"Tu es stupide! Jamais il n'y aura de paix entre nos deux peuples, et si ça venait à arriver, j'espère que je serai morte en ces temps là!"

Elle secoua la tête, tout en se redressa. Une prestance écrasante émanait d'elle, un mélange de mépris et de colère. Ses yeux étaient foudres, ses mouvements brusques sans pour cela virer dans la violence. Elle était soudainement devenue un homme sans émotions, un pantin dont on aurait malheureusement coupé les ficelles, le laissant libre. Elle était de marbre. Devait-elle lui en vouloir pour de telles pensées obscènes? Après tout, ce n'était qu'un enfant qui partait à l'aventure. Juste qu'il avait une superbe monture et une lance dont la présence pouvait s'avérer gênante dans certains cas. Elle aussi souhaitait un monde utopique, mais dans le sens où chaque race vivrait en paix, sans à avoir à se rabaisser à la race la plus faibles: les humains. Ces derniers avaient manipulé bon nombre de ses camarades, leur promettant une situation meilleure. Jamais ils ne virent de changement, ils moururent en traitre au combat. Les hommes avaient fait appel à des espèces provenant des Abysses de ténèbres, et ce pacte s'avéra terrible. Beaucoup de guerriers elfiques moururent dans d'atroces souffrances! Les humains étaient pire que des vipères: ils s’immisçaient dans le vie d'autrui, les faisant rêver et dans un unique geste de bonté, les tue sans regret. Et Valentine prenait parti pour ce genre vulgaire et dérisoire. Les humains n'étaient rien sans les êtres remplis de magie ou de compétences aiguës au combat. Ils n'étaient que l'ombre de leur manque cruelle de force, ils étaient les marginaux se cachant sous la couverture d'un pauvre mouton sans défense. Cette neige, ces guerres, tout ça était la faute des humains. Les elfes géraient les nains, mais les hommes... Ils avaient un Royaume, ils avait tout, richesse, nourriture, un Conseil inutile, bref, ils n'en étaient que plus détestables!

Elle se dressa devant lui, l'air sérieuse. Ses mains étaient posées sur ses hanches, et elle se contenta de l'observer longuement, plongeant son regard bleu dans les prunelles sans fond, où abysse se confondait avec nuit étoilée. Ses yeux brillaient, telles des billes. Ce garçon ne pouvait pas masquer ses émotions. Il vivait comme un livre, laissant les lignes de sa vie s'écrire par les autres, se laissant influencer par des valeurs remontant trop loin dans le temps pour lui. Gabriella avait été témoin de l'évolution. Elle le serait encore, tant qu'elle ne serait pas tuée. Elle avait vu ce que l'on appelait communément, l'humanité avancer: détruire pour mieux construire, tel était leur état d'âme. Et puis, il y eu cette Tour étrange, appelée Tour des Âmes, et rien ne redevint comme avant. Les rumeurs couraient, s'étouffaient, pour ensuite revenir au galop, amplifiées, fantasmées pour être perdue dans l'histoire du Royaume de Ghyelle. L'elfe fut, elle est, mais sera-t-elle? Son histoire ne dépendait que de sa fierté écrasante, son once légendaire d'arrogance, et son courage. Elle était rôdeur, elle était gardienne, elle se devait de veiller pour la futur génération. Elle s'avança vers lui, debout, les sourcils froncés. Elle devait lui demander

"Je pense qu'un tel pacte de paix est impossible. Et je pense que ta quête de vérité chamboulera plus d'une de tes convictions. A croire aveuglément ce qu'un Roi te dit....Vraiment, tu ne vaux pas mieux qu'un pantin, un bouffon du roi! Tu ne fais que divertir! Si tu veux savoir quoique ce soi sur la Tour, je t'aiderai, parce qu'il y a aussi un mystère que je me dois de résoudre..."

Elle ne sut dire pourquoi, mais cette idée lui avait traversé l'esprit, à force de broder autour du mystère. Elle pourrait peut-être trouver une réponse, et ainsi, enfin pouvoir se reposer en paix, trouvant un équilibre intérieur? Elle secoua la tête, se posant enfin sa la couchette, sans pour cela être trop proche de Valentine. Zéphyr dévisageait méchamment le jeune guerrier. Bien qu'il ne soit réduit qu'à un banal serpent, il ressentait la souffrance de sa maitresse, et certaines douleurs avaient refait surface suite aux paroles de ce jeune ignorant. Gabriella soupira, avant de murmurer

"Tu sais, il y a une rumeur qui court dans le monde des elfes. Il est dit qu'une personne important a eu un enfant avec une elfe, mais il s'enfuit dès la naissance de l'enfant. Cinquante après, cette femme fut retrouvée assassinée, les yeux crevés, martyrisée sous une pluie de coup. En as-tu déjà entendu parler?"

Gabriella n'eut aucun mal à ressentir sa surprise, et peut-être bien une once d'orgueil blessé lorsqu'elle le réduisit à un bouffon du roi. Elle ne regrettait pas ses dires, elle aurait même dit qu'elle avait pesé ses mots avant qu'ils ne franchissent ses douces lèvres. Elle ne comprit pas, cependant, la surprise lorsqu'elle parla de la fameuse rumeur. Il n'était pas au courant, et même si une certaine déception vint peindre le visage de la belle, elle se reprit rapidement, pour reprendre ce masque de froideur habituelle. Il était fort jeune, il était d'une autre génération, la génération qui devrait vivre sous cette neige éternelle. Elle venait à se demander qui mourra le premier. Elle secoua la tête, écoutant attentivement ce que disait le jeune homme. Il était si sérieux, que ça amusa la rôdeur. Il avait la pose d'un grand sage ainsi, la pouce posé sous le menton, le regard au loin, cherchant dans ses souvenirs, repassant rapidement les diverses rumeurs dont il aurait connaissance. Il demanda par la suite si elle avait plus d'informations. On aurait cru un Sherlock Holmes version Ghyelle. Il était serein, posé, analysant toutes les données dont il aurait besoin. Etrangement, l'elfe se referma sur elle-même, ne souhaitant pas qu'il en sache davantage. Elle le coupa net dans son élan d'enquêteur.

"Elle est morte dans cette forêt il y 75 ans, aucune idée de l'assaillant. La rumeur parle que ce serait le père de l'enfant."

Elle ne voulait pas avouer que l'enfant en question était elle. Elle était le pêché, elle était l'interdit, elle était une erreur de la nature. Elle serait bafouée à vie, et son honneur ne tenait qu'à son courage et à ses nombreux combats dont elle était sortie victorieuse. Sa vie ne tenait qu'au fil des souhaits du Conseil des elfes, son âme était tenu par de fins fils qui menaçaient de se rompre si sa nostalgie et sa haine venait à prendre le dessus. Elle était un être vivant dénué de sentiments dans le seul but de vivre, dont l'objectif final serait de découvrir la vérité. Valentine reconnut l'horreur du crime, mais ne sembla pas spécialement ébranlé par ce genre de crime. Serait-il possible qu'il ait vécu pareille situation? Non, il était bien trop... insouciant que pour connaitre ce manque cruel d'amour. Il était gentil, certes, mais, elle devinait à sa façon d'agir qu'il n'avait jamais manqué de rien, ni de nourriture, ni de chaleur, ni d'amour. Bien qu'il combatte pour l'honneur de sa famille, tout comme elle combattait pour l'honneur de son clan, leur passé était opposé. Elle secoua la tête et rajouta

"Il n'y a pas grand chose à dire de la Tour des Âmes à part que ce lieu est sinistre, et malsain!"

Elle coupait un peu net la conversation, tout simplement parce que la fatigue avait rattrapé le corps du jeune homme. Et s'ils partaient demain, il fallait qu'elle réunisse des vivres. Ce garçon était parti à l'aventure, certes, mais il n'avait déjà plus de nourriture, il n'avait aucun soin, à part sa lance imposante et sa belle monture, sans compter ses belles paroles, il n'avait pas grand chose en plus. Elle se leva, quittant la couchette, et soupira. Elle ne savait pas si elle devait se sentir manipulée ou non. Les elfes étaient fort arrogants, mais en rien manipulateurs. Ils étaient des êtres de la nature, et comme il se devait, ils veillaient sur elle. Ce jeune guerrier avait tendance à fonctionner au "donnant-donnant" et cette horrible impression de perdre au change lui sauta à la gorge. Gabriella ne voyait pas comment il pourrait lui être d'une quelconque aide. Il était beaucoup trop jeune que pour être témoin de l'époque du crime, et il était ignorant de beaucoup trop de choses concernant le mystère de la Tour. La rôdeur était curieuse, et s'était déjà penchée sur cette fameuse énigme, mais en ayant mis deux fois les pieds dans cet endroit, l'envie disparut rapidement face à la prêtresse. Elle secoua la tête et se tourna vers la petite lucarne. Le jour était bel et bien présent. Les doux rayons venaient caresser la neige, qui pourtant, ne fondait pas. Elle se tourna, refaisant face à Valentine et dit sèchement

"Repose-toi, dès ton réveil, nous prendrons la route. Je t'accompagnerai jusqu'à la Tour, mais après, tu te débrouilleras tout seul. Il n'est pas question que je me mélange à ton espèce."

Elle réfléchit un instant, passant en revue les différentes options. Elle se rappela d'un dragon qu'elle avait croisé. Elle ne savait pas où il vivait, surement dans les vallées de glaces, mais elle en avait été bannie par le peuple... Les fées? Elle ne croyait pas qu'elles seraient d'une quelconque utilité. Déjà, elle ignorait tout de cette race, et ensuite, de ce qu'on en disait, elles vivaient en parfaite harmonie avec le restant du Royaume, ne se mêlant pas à la politique du pays. Les démons? A cette pensée, elle eut un horrible frisson, se rappelant sa rencontre avec l'un deux qui lui promis le salut le plus démoniaque possible, lui offrant une fin de supplices éternels en Enfer. A part les hommes, elle ne voyait pas à première vue qui pourrait qui en dire plus. Le mieux était que Valentine s'adresse à un membre du Conseil. Elle l'accompagnerait donc à la Tour, mais après, il devra se débrouiller tout seul. L'ombre d'un instant, elle avait espéré qu'il aurait pu l'aider, mais non. Il ne savait rien, et elle ne savait pas comment il aurait pu savoir. Elle avait connaissance d'elfes, d'un dragon, d'un gobelin, et d'un démon, sans compter d'un peuple dans la vallée des Glaces. Qu'en était-il pour lui? A part connaitre le Roi et toute sa suite de guerriers vaillants? Elle soupira et finit par ajouter

"Je vais préparer les montures ainsi que les vivres. Je reviendrai plus tard"

Elle eut à peine terminé sa phrase que la porte de la cabane se ferma sèchement. Etait-elle frustrée? Surement, quelque part, elle avait naïvement espérer quelque chose de la part de ce jeune homme. Sa fougue, son courage, elle se reconnaissait en lui. En moins stupide, bien sûr! Jamais elle n'aurait été dans un territoire inconnu sans avoir un minimum de données! Elle redressa la tête, et alla droit dans le camps. Elle alla se laver par la même occasion. Elle chassa du gibier tel le lièvre, ou encore du lapin sans compter du faisan. Elle devait voyager léger, il était fort probable, que lorsque leur route se séparerait, elle remontrerait tout de même vers le Nord, en quête de réponse. Elle devait aussi remettre des herbes dans sa sacoche, et aiguiser ses armes. Le jour déclina rapidement, elle retourna à la cabane avec deux montures. Elle devait aussi se reposer. Demain serait une longue journée. Et après demain aussi, son voyage ne ferait que commencer. Elle rouvrit la porte, alors que la nuit tombait.

[hrp] Pour moi le rp s'arrête là, je te laisse le choix de répondre ou de lancer le nouveau sujet pour la mise en route du lendemain, pour ma part Valentine dort et compte pas se réveiller dans les 3h qui suivent xD [/hrp]