Le Sens de l'Orientation [PV Laarten]

Le Sens de l'Orientation

Aaah, la ville. Les Humains. Les villes Humaines. Il y a plein d'Humains, dans ces villes. Il y a aussi d'autres choses, remarquez. Par exemple, il y a des rues qui n'ont pas de nom et des cartes obsolètes. Il y a aussi des vendeurs de pomme de terre, si on va par là, mais on ne va pas par là. Enfin, peut-être que si ? Attendez que je regarde... Non, je ne sais pas.

« Je crois que je suis paumé... »

Le paladin posa ses fesses angéliques sur le bord d'une fontaine, les ailes légèrement relevées afin qu'elles ne trempent pas dans la flotte. Il étendit ses jambes devant lui, laissa ses bras se reposer sur ses cuisses – la carte miteuse encore dans les mains – et jeta la tête en arrière pour mieux admirer un magnifique ciel grisâtre couvert de nuages gorgés d'eau. Le soleil n'était plus qu'une tache blanche derrière un feuillage et sa clarté froide baignait la ville d'une ambiance fade. L'ange poussa un soupir déchirant, les épaules basses, son visage d'ordinaire séduisant déformé par une mine désemparée. Pourquoi cette fichue ville était si grande, d'abord ? Et pourquoi on était pas fichu de lui filer des cartes récentes ? Celle qu'il tenait en ce moment était à moitié effacée et les écritures y ressemblaient clairement à des vaguelettes dessinées par un aveugle en pleine électrocution. La rue des Aulnes, il lui fallait la rue des Aulnes. Et il ne savait même pas à quoi ressemblait un aulne. De toute façon, il n'y avait sûrement aucun aulne dans cette rue. Figurez-vous qu'il y a rarement ce dont la rue porte le nom dans la rue elle-même. Dans la rue des Aulnes, s'il n'y avait peut-être pas d'aulnes, il y avait un apothicaire du nom de Monsieur Robert qui, à en croire la missive qu'on avait fait parvenir au paladin, avait besoin de lui. Peut-être qu'il avait besoin de feuilles d'aulne pour une de ses concoctions et qu'il n'en avait pas à proximité. Ca aurait bien fait rire Faust, ça, d'ailleurs. Il aurait dit un truc du genre « quelle ironie ! » et tout le monde se serait bien marré. Enfin, pour l'instant, il devait être sur la Place de la Forgnnnn, s'il en croyait la carte, et le seul truc qui ressemblait de prêt ou de loin à une rue des Aulnes, dans le coin, c'était la rue des Chênes, ou plus exactement la rue des Chmms – ou Chins, cela dépendait de la façon dont interprétait les deux premières vagues.

Il devait être vers les treize heures, les rues étaient pleines. La banlieue de Ghyelle était animée toute l'année et à ce moment de la journée, elle était même presque agréable à parcourir. Les malfrats ne sévissant que rarement en plein jour, on pouvait profiter du coin sans trop craindre de se faire dérober quoi que ce soit. Il y en avait, du monde. Certains lui jetaient des regards intrigués, admiratifs, haineux, et Faust continuait de fixer le ciel et sa pâleur glaciale. Le problème avec la foule, c'est qu'on ne sait jamais à qui s'adresser quand on en a besoin. L'embarras du choix, qu'on appelle ça. Et puis les gens ont souvent l'air pressé. En fait, ils se contentent de se faufiler là où ils le peuvent, mais on sait bien que si on les interrompt pour leur parler, on va briser leur fluidité et ils ne seront pas contents. Si si. Du coup, quand on a des ailes, on est bien chanceux.

Après de longues minutes d'inaction – vissé sur le bord de sa fontaine avec les yeux vers les nues – Faust se décida à reporter son regard sur la populace. Ses iris sombres se posèrent sur de nombreux visages mais au fond, il n'était pas encore d'humeur à se relever. On lui avait fait plusieurs réflexions désagréables alors qu'il s'était mis à voler au dessus des gens, alors il s'était résigné à voyager par la voie terrestre, et c'était fatiguant ! Il irait se plaindre à la rue des Aulnes, quand il l'aurait trouvée, tiens. Du coup, cette pause était la bienvenue. Il demeura immobile pendant encore un moment, à balayer la foule de son regard éteint, puis fut soudainement frappé du courage de se secouer. Il déploya ses ailes pour les défroisser, attirant ainsi une attention semi-désirée, puis se mit sur ses jambes d'une impulsion vers l'avant. Sans jeter un seul coup d'oeil à sa carte, il se mit à marcher dans une direction choisie au hasard, se frayant un chemin confortable en faisant semblant de ne pas se rendre compte que ses plumes emmerdaient le monde. Ils voulaient pas qu'il les utilise, et bah ça leur apprendrait. Il s'extirpa rapidement de la masse assemblée sur la place et se retrouva dans une rue moins fréquentée où il put circuler sans chatouiller ni faire éternuer personne. Descendre cette artère de la ville l'agaça rapidement ; il songea qu'il était temps de demander de l'aide. A ce jeune homme encapuchonné, par exemple. Il était si avenant. Le paladin s'avança humblement et afficha un sourire sympathique.

« Excusez-moi l'ami ! Je crois bien m'être égaré, sauriez-vous m'indiquer le chemin vers la rue des Aulnes, je vous prie ? »

Tiens, c'est un bel arbre que voilà.

Laarten soupirait. Non pas qu’il soit énervé ou fatigué, tout juste dépité.
Après avoir vagabondé pendant une bonne heure à travers sa ville natale, sans vraiment réfléchir à son parcours, il s’était assis sur un banc. Ou plutôt sur le dossier, posant ses pieds sur le banc lui-même. Une fois installé, il avait à nouveau soupiré.

*Je m’ennuie…* pensa-t-il, ce qui n’eut pour effet que de l’ennuyer un peu plus.

Le ciel grisâtre n’arrangeait en rien sa morosité… Il détestait ce temps. C’était comme si le ciel s’amusait de lui, ne souhaitant pas lui laisser savoir s’il pleuvrait ou non. Du coup, Laarten avait ramené sa capuche au dessus de sa tête. Au moins comme ça, ça réglait le problème.
Imitant les minutes, les passants passaient. Le jeune homme s’amusait à regarder les inconnus l’observer : certains étaient choqués de son attitude laxiste, d’autres faisaient semblant de ne pas le voir. En même temps, cette ruelle n’était pas très fréquentée.
Le mage se distrayait donc maintenant en créant quelques petites flammèches entre ses doigts et en les observant. La sensation de la magie parcourant ses mains, c’était quelque chose d’indescriptible que Laarten adorait.

Tout en continuant à jouer, le plus discrètement possible, avec son pouvoir (qu’il ne tardait pas à cacher dès qu’un individu passait trop près de lui), il releva la tête. C’est alors qu’il aperçut… un arbre. Un aulne, lui semblait-il, bien qu’il n’y connaisse pas grand-chose en botanique. Par contre, ce qui était beaucoup plus intéressant, c’était de tester ses boules de feu sur le végétal.
Oh bien sûr, il ne le ferait pas là, en pleine ville : il détestait se faire remarquer.

Laarten ferma donc les yeux, imaginant comment il cramerait l’arbre s’il était seul (activité qu'il lui arrivait souvent de pratiquer). Un sourire éclaira le visage du jeune homme. Là, il s’ennuyait moins ! Imaginer les flammes envelopper l’arbre…

Soudain, un bruit étrange le tira de ses songes, comme un bruissement d’ailes. Au début, il n’en tint pas compte : sûrement un pigeon aux alentours. A peine replongeait-t-il dans ses flammes imaginaires qu’une voix extrêmement proche le ramena de nouveau à la réalité.

- Excusez-moi l'ami ! Je crois bien m'être égaré, sauriez-vous m'indiquer le chemin vers la rue des Aulnes, je vous prie ?

Surpris, Laarten sursauta. Confus, son imagination rejoint la réalité et il lança par mégarde une boule de feu sur l’arbre tout proche, sans oublier auparavant de passer dangereusement près de la personne qui venait de l’interpeller.

- Je suis désolé ! Je suis désolé ! ne cessait de répéter le jeune mage.

C’est alors qu’il remarqua la paire d’aile qui suivait le susdit individu. Lahar resta bouche bée alors qu’il réalisait qu’il s’adressait à un ange. Oh, bien sûr, il en avait entendu parler, mais il n’en avait jamais croisé.

Le jeune homme baissa la tête et se crispa, attendant le châtiment divin. Qui mettait un certain temps à arriver !

Osant à peine poser le regard sur l’être angélique, Laarten tenta de répondre tant bien que mal à la question, tentant par la même occasion de détendre l’atmosphère…

- La… hum… La rue des Aulnes ?

Bizarrement, ce nom ne lui disait rien. Pourtant, il connaissait très bien la ville !

- Je… euh… non. se contenta-t-il de dire.

Après un silence, le mage continua :

- Mais je peux peut-être vous aider ? Je connais bien la ville. Laarten. se présenta-t-il, tendant la main à l’ange qu’il n’osait toujours pas regarder en face. S’il avait pu disparaître sous sa capuche, il l’aurait fait.

Remarquant que l’étranger tenait une carte, il se permit de l’inspecter. Le papier était froissé et l’écriture presque illisible…

- Votre carte date d’au moins 100 ans… ça risque de ne pas être une mince affaire de s’y retrouver…

Le Sens de l'Orientation

Un charmant jeune homme, vraiment. Vif et, comment dire ? Chaleureux ! Visiblement, le paladin l'avait arraché à une rêverie prenante et il ne put que se sentir coupable du sursaut qui secoua l'inconnu. Le sentiment ne dura pas, cependant, puisque, avant même qu'il n'ait eu le temps de s'excuser, une boule de flammes lui passa sur le flan, à un demi-pied de sa côte de maille. Heureusement, le feu le frôla trop vite pour se faire sentir, mais il alla rapidement dévorer le si bel arbre que l'ange venait de remarquer. Faust ouvrit de grands yeux effarés, ne comprenant qu'à moitié ce qui venait de se passer. Le personnage qu'il avait abordé se fondait déjà en excuses, apparement paniqué à l'idée de l'avoir blessé mais montrant peu de sympathie pour le végétal – le paladin s'écarta sensiblement et adopta une mine sceptique. Il tenta de placer un « ça va, je vais bien », mais les mots se firent immédiatement emporter par le flot affolé du mage (parce que clairement, c'en était un). Ce dernier finit par reprendre son souffle et offra gentiment son aide, ce qui fit réapparaître un semblant de sourire sur le visage de l'ailé. Tout en hochant la tête pour marquer sa reconnaissance, l'ange se dirigea lentement vers l'arbre qui était en train de roussir. Il ne savait pas exactement quoi faire, cela dit, puisqu'il lui arrivait rarement de sortir avec un seau d'eau. Agiter ses ailes risquait d'empirer les choses et il était hors de question de se servir de sa belle cape pour étouffer les flammes. Il finit par s'arrêter à bonne distance et eut le réflexe de tendre les mains vers le brasier, comme on le ferait devant un bon feu de cheminée. Il ne s'en rendit pas compte, mais il était en train de se réchauffer sur un incendie. Pendant ce temps, le jeune homme s'était montré des plus serviables et Faust lui serra la main d'une bonne poigne, lui adressant de nouveau un sourire aimable et lui donnant, lui aussi, son prénom. Il songea que ne pas voir le visage de son interlocuteur était un peu gênant mais après tout, qu'est-ce que ça pouvait bien cacher de si terrible ? En ville et au beau milieu de la journée, le paladin n'était pas vraiment du genre méfiant.
Quand on lui fit une remarque sur sa vieille carte, Faust y jeta de nouveau un oeil, comme pour vérifier l'évidence. C'est vrai qu'elle ressemblait plus à une relique, ça se voyait. Un rire bref mais sincère fit office de confirmation.

« Haha, elle est si vieille que ça ? Je me doutais bien qu'elle n'allait pas beaucoup m'aider – heureusement qu'on me l'a donnée ! »

Comme pour souligner le fait qu'il n'en ferait plus usage, il la roula d'un geste rapide et la glissa négligemment dans sa ceinture. Il s'en remettait maintenant entièrement à l'inconnu. Posant les mains sur ses hanches, il se tourna légèrement vers le tronc en flammes – qui avait déjà attiré l'attention de plusieurs passants – et demanda :

« Cela vous dérangerait si on faisait quelque chose pour ce pauvre arbre, avant tout ? »

Ainsi, l’ange s’appelait Faust et ne souhaitait pas lui infliger de châtiment divin ? C’était plutôt un bon point pour Laarten…

Afin de s’excuser pour le dérangement qu’il avait causé, le jeune mage avait bien dans l’idée d’aider son interlocuteur à trouver la rue qu’il cherchait !

- Cela vous dérangerait si on faisait quelque chose pour ce pauvre arbre, avant tout ?
- De… De quoi ? répondit avec aplomb Laarten.

Ce dernier s’était visiblement perdu dans ses pensées. Et l’arbre en feu ne faisait à ce moment-là pas partie de ses préoccupations premières. Laarten observa la danse des flammes sur le bois, spectacle extraordinaire pour ceux qui savaient le regarder.
Mais bon, toujours était-il qu’un arbre brûlait en plein milieu de la ville et la panique commençait à se ressentir aux alentours…

- Je vais tenter quelque chose.

Laarten venait de décider à faire une expérience magique. En effet, il n’avait que très rarement utilisé l’eau comme pouvoir, mais l’occasion se présentait, alors…
Le jeune mage se concentra : il cherchait à rendre le bois trop humide pour brûler ou qu’une grande quantité d’eau se déverse autour de l’arbre.

Le résultat fut… mitigé. Comme dans la plupart des tentatives magiques du jeune homme… Une pluie assez dense se déversa sur toute la zone… Oh bien sûr, cela permit au feu de s’éteindre ! Mais la quantité d’énergie qui avait été drainée hors de Laarten lors de cet échec le fit néanmoins vaciller et il eut du mal à retrouver son équilibre. Un peu comme après une grosse cuite.

Il s’accorda quelques secondes pour reprendre son souffle. Sans même regarder l’ange, il déclara :

- Je… je… ça va passer.

Une fois qu’il eut plus ou moins repris ses esprits, il en revint à leur affaire première.

- Bon alors, la rue des Peupliers, c’est ça ? Des Aulnes, pardon, se corrigea-t-il après avoir senti l’incompréhension de son éphémère compagnon de route. Je connais bien cette ville, mais ça ne me dit rien… On a qu’à commencer par les quartiers Nords ! On finira bien par trouver !

Lahar osa enfin regarder son interlocuteur en face pour lui adresser un large sourire et fit un « V » de la victoire avec son index et son majeur, histoire de montrer son enthousiasme, espérant détendre enfin un peu l’atmosphère.

Le Sens de l'Orientation

Ce fut avec courtoisie que le jeune homme encapuchonné proposa de s'atteler à l'extinction du feu, ou du moins de s'y essayer. Faust tourna son visage serein vers l'arbre qui noircissait toujours plus, impatient que le spectacle de magie commence. Le dénommé Laarten parut se concentrer un instant, puis effectua quelques gestes... Et une ondée venue de nulle-part vint se déverser sur un large périmètre autour des deux personnages. L'ange ne parvint pas à retenir une secousse nerveuse située entre le frisson et le sursaut. Il leva les yeux au ciel et constata que l'eau ne provenait pas des nuages, alors il posa de nouveau son regard sur le végétal, puis sur le sorcier qui paraissait moyennement convaincu de sa performance. Le paladin le vit chanceller et eut le réflexe de tendre un bras salvateur, mais à son grand dam, l'autre n'en eut pas besoin. Il sembla se remettre rapidement de ses émotions et s'empressa même d'assurer qu'il n'avait pas lieu de s'inquiéter. Faust leva un sourcil soucieux mais se força à afficher une mine plus détendue, histoire de ne pas rendre la situation plus grave – il fixa le visage de l'humain avec bienveillance puis accorda de nouveau son attention à l'arbre dont la destruction par les flammes avait pris fin.

Dans la rue où se tenaient nos deux protagonistes, une petite foule s'était rassemblée à bonne distance de l'incendie et s'étonnait maintenant qu'il pleuve sans raison. L'averse se tut brusquement et des soupirs incrédules s'échappèrent de plusieurs lèvres – l'attention se tourna entièrement vers le paladin et le mage qui, à en croire les murmures des témoins, étaient responsables et de l'incendie, et de sa cessation. L'ange parcourut le rassemblement de ses yeux sombres et adressa quelques regards sévères à ceux qui les pointaient du doigt, puis fit mine de les ignorer et reprit son attitude charmante habituelle. Le jeune ensorceleur lui proposait de l'accompagner dans sa recherche, comme s'il s'agissait également de sa quête. Bien que lui-même de nature serviable et zélée, Faust fut très surpris qu'on soit prêt à se mettre en route avec lui pour trouver cette satanée rue ; il laissa paraître son émotion en une mine touchée et reconnaissante et porta la main à sa poitrine. En s'inclinant légèrement en avant, il répondit :

« Comme c'est aimable de votre part ! Je ne vous en demandais pas tant... Mais si cela ne vous contrarie pas, ce sera avec plaisir que je vous laisserai me guider. »

Un instant plus tard, la paire était déjà en route et s'éloignait innocemment du lieu du désastre comme si rien ne s'était passé.

» Laarten Kuntis
» Je ne me sens pas tellement obligée de préciser que ceci est une demande de RP...