Never be the same [pv Semerket]

Cela faisait six jours que Gabriella marchait vers le Sud. Elle ne sut dire pourquoi, mais depuis son entrevue avec Valentine, elle se sentait le besoin d'avoir des réponses. Il avait soulevé plus d'une question en elle. Elle voulait trouver un sens à sa vie, elle voulait comprendre pourquoi. Oui, pourquoi lors de sa première quête elle avait fait une étrange rencontre avec un démon lui promettant de bruler en Enfer? Cette image avait marqué son esprit, et pour une raison quelconque, elle avait décidé d'entreprendre un voyage qu'elle souhaitait rempli de révélations. Elle semblait assurée sur sa monture pommelée. La neige était toujours aussi présente, néanmoins, elle pouvait ressentir la température augmenter. Etait-ce la limite des terres démoniaques? Elle avait lorgner la frontière des nains, ne souhaitant pas avoir d'altercations inutiles. Elle soupira, mettant une mèche rebelle derrière ses oreilles. Ses yeux bleus azures perçaient l'horizon, à la fois attentifs et indifférents. Elle analysait le paysage machinalement, se tenant en garde d'un ennemie mal veillant. Elle ne connaissait pas ce territoire, et l'atmosphère tendue n'arrangeait rien. Le silence l'accueillait, ou plutôt la repoussait. Elle vint à hésiter à continuer... Pourquoi se fourguer dans une terre où elle n'était pas la bienvenue? Etait-il possible qu'elle retombe sur le même démon? A cette pensée, un frisson vint lui parcourir l'échine. Elle resserra son étreinte sur les rênes, et d'un coup sec dans les flancs de la monture, elle continua son chemin. Elle remonta le col de sa cape, tâtant sa ceinture pour s'assurer que son épée y était toujours. Elle secoua la tête, se disant qu'il serait temps qu'elle fasse une pause. Elle devrait trouver de quoi nourrir son cheval. Trouver une pousse dans ces terres arides semblaient impossible. Bien que la neige était parsemée, il était difficile de trouver une zone où l'herbe poussait.

Elle continua sa route environ une heure avant de flatter l'encolure de la bête. Elle descendit, rallongea les rênes et continua à pied. Elle ne sut dire où elle montrait sa tente. Notons que ce n'était qu'un détail, mais se cacher était primordiale. Elle n'avait pas l'avantage ici. Aucun arbre, aucune végétation, aucun moyen de bouger rapidement et discrètement. Si cela se trouvait, quelqu'un l'observait déjà depuis un moment. Cette réflexion lui retira un soupir de lassitude. Guerre, quête, en soi, elle partait en croisade pour la vérité. Elle repéra un semblant de rocher et décida de poser le camps là-bas pour la soirée. Le soleil déclinait déjà rapidement. Elle huma l'air, ne sentant rien de particulier. Elle ne pouvait même pas déceler la moindre présence. Les démons pouvaient-ils masquer leur présence? Si c'était le cas, elle était mal barrée. Elle fit mine de rien, faignant l'ignorance, et montant rapidement sa tente. Elle ne jeta pas un regard par-dessus son épaule, se contentant de chantonner une douce mélodie elfique. Elle prit une de ses gourdes attachées à la selle de la bête et vint abreuver l'animal, lui redressant la tête. Elle en prit une autre pour s'hydrater elle-même. Elle remarqua que trouver du bois pour faire un feu tenait...du rêve éveillé. Ce voyage semblait ardu, et un fin sourire vint soulever ses commissures. Elle appréciait ce challenge, cette limite où elle savait que le danger était omniprésent. Elle se posa à terre, et se mit à manger de la viande séchée. Elle alla chercher une couverture se trouvant sur la selle, la plaçant à terre, pour s'enrouler dedans. Autant profiter des derniers rayons de soleil. Elle se perdit dans ses pensées, lorsqu'une douce brise de leva pour venir caresser délicatement son visage. Par réflexe, elle tourna la tête à droite à gauche. Une de ses mains vint effleurer son épée. Son rythme cardiaque s'accéléra. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle avait la mauvaise sensation de ne pas être seule. Elle finit par se redresser et demanda d'une voix froide mais claire

Les steppes brûlantes de cette région offraient un spectacle baigné de lumière et de non vie. Donnant ainsi l'impression que tout était figé dans le temps... Le brouillard de chaleur dansait sur le moindre horizon de dunes, de rochers. Le soleil était bien haut, agressant le sol sec de ses rayons puissants, roussissant le sol et supprimant les ombres. Il n'y avait pas de vent, et le seul son audible dans cet endroit hostile était le hurlement des blizzards et courants d'airs puissants qui s'engouffraient dans les gorges des Montagnes des Nains non loin, résonnant jusqu'ici.
Plus loin, on pouvait voir la silhouette du Palais des Flammes, lieu de fantasmes et de rumeurs. Même lui ignorait ce qui pouvait bien s'y passer, et qu'importe... ce n'était pas sa destination.

Le sans visage s'était abrité de la fournaise dans une petite grotte creusée par des nomades dans une roche en plein désert. Exigue, l'étroitesse du lieu ne semblait pas déranger le grand sombre assit sur le sol sableux. A côté de lui étaient soigneusement disposés des plumes d'écritures, encriers de couleurs, des parchemins et des petits sacs en cuir, brodés d'un symbole violet différent pour chacun. De sa main gantée, il saisit un des petits sacs, et l'ouvrit. Fouillant à l'intérieur, il en sortit au bout d'un instant un petit os ressemblant à une tête d'animal. Dessus y était dessiné un symbole, qu'il effaça avec son index en murmurant quelque chose d'inaudible. L'os reprit alors sa taille initiale, un crâne de cheval, encore encroûté de chairs asséchées par le soleil. C'est alors qu'il sortit un petit couteau, et retira méticuleusement la carne de l'ossement, comme pour passer le temps... car dehors la chaleur était imposante.
Les Nécromanciens ont la réputation de n'aimer que la nuit et le froid, mais la population sait rarement pourquoi, assimilant donc ces habitudes à des rumeurs, parfois absurdes, ayant l'unique but de rendre ces personnages encore plus lugubres qu'ils ne le sont. La réelle raison était qu'une chaleur trop importante rend difficile l'entretient des chairs d'un mort-vivant, et fragilise les ossements des restes un peu vieillit par le temps. Se déplacer de nuit et dans la fraicheur était donc un moyen de plus pour allonger l'espérance de vie des créations morbides, le temps de concocter un onguent capable de protéger les chairs putréfiée du soleil. Sans quoi, un mort-vivant composés de tendons, muscles et vieux os tomberait en ruine, et ne servirait plus à rien. Créer un être de chairs mortes relève bien plus de la science, que de la magie en réalité.

Lorsqu'il eu terminé, l'os décarcassé fut nettoyé avec une huile à l'odeur étrange. Puis, il prit un pinceau et prit tout son temps pour peindre le crâne en noir. Cette peinture sentait le charbon mélangé à des plantes. Elle permettait de protéger l'os, c'était son dernier onguent et il espérait une efficacité plus durable que la première. Mais il n'était pas très loin de la concoction ultime. Mais il lui manquait des ingrédients que seul un voyage dans le monde pourrait lui permettre d'y parvenir.
Lorsque le crâne fut entièrement peint en noir, il prit une de ses plumes d'écriture, dont le bout était taillé et renforcé par un bout de métal très tranchant. Avec ceci, il traça des runes partout. Au delà de l'aspect esthétique que cela rendait, et auquel lui était insensible, ce rituel faisait partit de ses secrets... Au bout de plusieurs heures, il termina enfin par dessiner le même symbole violet qu'il avait effacé, et le crâne se miniaturisa de nouveau. Il le rangea dans son sac.

Il leva son visage vers le désert. Le soleil commençait à peine descendre dans le ciel. Il faisait encore assez jour pour bien avancer sa route, et bien moins chaud pour ne prendre aucun risque. Il attendit encore deux heures heures, en regardant le sable, et sortit enfin.

Debout, comme une statue sans vie dans le désert, sa main s'enfonça dans un de ses sacs noirs, il en saisit tout le contenu dans une poigne de fer, marmona des mots, et jeta le tout au sol. Le petit tas d'os tournoyant comme emporté par un petit cyclone au ras du sol. Le Nécromancien termina ses prêches, et le tas d'os prit la forme d'un rat, avec un crâne un peu plus gros que la normale. La petite bête grimpa dans la main de son créateur, et celui-ci la couvre d'une petit cape noir coupée sur mesure. C'était son familier, en quelque sorte, il s'était prit d'affection pour cette pauvre bête il y a seulement trois lunes. Puis, il fit de même avec les ossements du cheval miniaturisé, qui prit sa forme normale pendant l'assemblement du squelette. La colonne de la monture était sciée par endroit pour permettre une assise. Le sang visage enfourcha alors son destrier en os noircit et prit la route.

Au bout de quelques heures à peine, le petit rat renifla l'air ambiant, et quitta son maitre subitement pour se diriger dans une direction précise... Sans se presser, le maitre suivit la petite chose curieux de comprendre son comportement.

Le petit rat d'os, vêtu de sa cape à capuche noire, disparut aux yeux de son maitre derrière une Dune. La créature osseuse avait sentit de la vie, autre que les cactus et insectes. Il vit alors le campement, le cheval et une femme elfe au qui vive. Il se faufila alors vers la monture, qui fut surprit de voir un rat sentant la mort entre ses sabots et lui tourner autour comme s'il était une attraction. Le rat lui monta même sur le dos. Mais au moindre geste de la femme elfe, la créature s'enfuira vers son maitre à quelques pas, apparaissant en silence comme un spectre, montrant aucun signe d'agressivité. Il n'avait pas d'arme sur lui, aucune de visible en tout cas.